Les ballades alsaciennes d’Alberta von Puttkamer et Charles Spindler
Alberta von Puttkamer est une poétesse allemande, née en Prusse en 1849 et morte à Baden-Baden en 1923. Elle vécut en Alsace de 1872 à 1901 avec son mari, Maximilian von Puttkamer, haut-fonctionnaire qui fut secrétaire d’État du Reichsland d’Alsace-Moselle à partir de 1892.
Durant son séjour alsacien, elle fréquente les milieux artistiques de la capitale du Reichsland, soutient le théâtre alsacien naissant, contribue aux revues culturelles et tient salon. Elle exprime son attachement à la région en la chantant à deux reprises : en 1899 dans un recueil de poèmes intitulé Aus Vergangenheiten. Ein elsaessisches Balladenbuch (Choses passées: livre de ballades alsaciennes) puis en 1901 dans une déchirante lettre d’adieu, Leb’wohl, mein Elsass (Adieu, mon Alsace).
Alberta von Puttkammer confia les illustrations de ces deux publications à Charles Spindler, pivot de la vie artistique locale au tournant du siècle. Celui-ci rapporte dans ses mémoires sa rencontre avec la poétesse : « Comme Madame von Puttkamer cherchait un dessinateur pour illustrer ses poèmes, [le baron von Fichard] me recommanda et c’est ainsi que j’entrais en relation avec les Puttkamer. […] Madame von Puttkamer était un esprit très distingué, et son livre Aus Vergangenheiten – que j’illustrai – est sûrement de tous les recueils de ce genre qui se sont inspirés des Légendes d’Alsace celui qui a la plus haute inspiration poétique ».
L’artiste du Cercle Saint-Léonard orne de « reichem Bilderschmuck » (littéralement « riches bijoux d’images ») les 25 ballades : 12 illustrations hors-texte, 25 bandeaux et 25 culs-de-lampe en noir et blanc, dans un style Jugendstil empreint de régionalisme.
Dans une période où l’édition strasbourgeoise vit un renouveau, le recueil de poèmes est publié chez l’éditeur Schlessier und Schweickhart, dont on connait l’importance pour la diffusion de la culture alsacienne et des courants artistiques locaux de l’époque.
Avec ses ballades alsaciennes, Alberta von Puttkamer s’inscrit dans un mouvement très populaire à l’époque, celui de la réédition et de la reformulation des contes et légendes populaires. Remis au goût du jour au cours du 19e siècle principalement par Auguste Stoeber (1808-1884), poète et folkloriste, il se place dans la continuité des frères Grimm en Allemagne. Ce regain d’intérêt est porté par l’émergence de revendications identitaires. Quelques années plus tard, c’est le très francophile Georges Spetz (1844-1914) qui publiera en français, cette fois, ses Légendes d’Alsace. Charles Spindler y participera également.
Auteur : Catherine Soulé-Sandic
Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg, M.110.607
Alberta von Puttkamer, Aus Vergangenheiten : ein elsaessisches Balladenbuch, 1899
Une bibliographie est également disponible en ligne.