Mystères et merveilles du centre de la Terre
Au 17e siècle, l’étude et le savoir sont encore trop souvent cloisonnés en champs étroits avec l’alchimie, les tentatives d’explication empirique, les croyances et les mythes religieux qui contrarient la lente progression des connaissances. Mais les sciences géologiques, et en particulier la volcanologie, ne sont pas encore nées que déjà les phénomènes terrestres, notamment volcaniques, font l’objet de recherches inspirées.
Le savant allemand Athanasius Kircher (1602-1680) est un digne représentant de son époque. Voyageur et observateur infatigable (témoin de l’éruption de l’Etna et du Vésuve) ayant une bonne plume, il signe en 1665 un gros traité remarqué et illustré sur les sciences souterraines.
Ce traité constitue la plus populaire de ses 39 publications portant sur des centres d’intérêt variés : musique, optique, mathématiques, mécanique, astronomie, linguistique, archéologie, religions, etc.
Ses convictions fortes de jésuite doublées d’un bon sens pratique d’homme de terrain l’amènent à formuler la théorie du « feu central ». Dans une composition baroque, la représentation ci-contre est éclairante sur l'idée, qualifiée de « système idéal » qu'on se faisait alors :
- de la structure interne de la terre avec le feu central (assimilé au point le plus éloigné du ciel et donc à la prison des pécheurs)
- de la circulation des eaux souterraines entre les mers et les montagnes par le moyen de canaux sous l’effet de la chaleur (zone intermédiaire dans laquelle logerait le purgatoire)
- de l’origine des montagnes et des volcans, répartis à la surface de la terre et séparés par des océans
Des connaissances en sciences minéralogiques sont aussi présentées selon des classements où les caractéristiques physiques, les qualités descriptives et les appellations des variétés minérales sont encore aléatoires. Quant à l’origine parfois fabuleuse de la nature des fossiles ou pétrifications (monstres, profils humains etc.), elle n’ébranle pas l’homme de Dieu qu’est Kircher, pétri d’Ancien Testament.
Strasbourg, Bibliothèques de l’Université, H 309 (Collection BNU en dépôt à l’Unistra)
Athanasius Kircher, Mundus subterraneus, Amsterdam, 1665, in-folio