Sous une reliure indienne, le poète persan Hafiz nous livre ici son divan. Hafiz (vers 1325 – 1388) de Chiraz, en terre persane, aurait rendu public le recueil de ses poèmes dès 1368, mais il s’agit ici d’une copie bien plus tardive, datée très précisément de 1832, et pourvue d’une série de dix peintures et d’un abondant décor. Cet exemplaire est à rattacher à l’école cachemirie du 19e siècle. Il est représentatif de la production de manuscrits de luxe en Inde à cette époque.
Les textes et les dix miniatures sont encadrés d’une bordure de petites fleurs bleues et roses sur les trois côtés extérieurs. L’écriture est de type nasta’liq. Les poèmes sont écrits sur deux colonnes et chaque ligne est séparée des autres par un décor très fin, où l’or et l’argent sont subtilement présents. Il contient 387 ghazals rangés par ordre alphabétique et une quasîda. La mise en page utilise toutes les ressources de la symétrie.
Cette reliure de cuir noir à motifs carrés, losangés et floraux, à la doublure de tissu brodé de fil d’or et d’argent, contient également en début de volume un feuillet additionnel, porteur d’un tableau qui permet l’exercice de la divination. C’est ce qu’on appelle un fâl namé.
Une des miniatures, celle qui représente « Salomon porté sur un trône par des divs », est présentée dans l’exposition Sacrés rois ! David & Salomon à travers les âges, que propose la Bnu du 14 septembre au 13 décembre 2023. Le roi biblique Salomon était devenu, dans l’imaginaire oriental, une sorte d’empereur des génies, et quasiment le vrai souverain des Persans. Les poèmes de Hafiz lui réservent une place de choix, l’associant à Djamshîd, autre souverain mythique persan.
Les miniatures de ce manuscrit sont listées par Marie Laure Bourgeois dans son article « Sur quatre manuscrits persans de la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg », in Studia iranica, tome 16, 1987, fasc. 2, p. 237-255, et pl. IX à XII. Le contenu textuel est quant à lui détaillé dans le Catalogue critique des manuscrits persans de la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg, d’Ascar Hoghoughi, BNU, 1964, p. 34-35.
La cote du manuscrit est MS.4.700. Il compte 154 feuillets de papier. Il est parvenu à la Bnu par don, de la part “des Allemands de Calcutta”, à la fin du 19e siècle, comme en témoigne l’ex-dono collé en début de volume.
Auteur : Daniel Bornemann
Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg, MS.4.700
دیوانِ : Divan de Hafiz, 1832.